Jasna Samic – Le givre et la cendre

Entre 1991 et 1995, les pays issus de l’éclatement de la Yougoslavie se sont déchirés dans des guerres atroces entre nationalités constitutives, imbroglio de guerres d’agression et de guerres civiles.
À travers trois journaux intimes, écrits à des époques différentes par trois membres d’une même famille, Jasna Samic nous donne un roman sur les rapports fille-père, mais également sur Paris et Sarajevo à la veille de ces événements tragiques, nous décrivant notamment l’atmosphère de fin de régime dans une Yougoslavie (et particulièrement une Bosnie-Herzgovine) qui répète comme un disque rayé des slogans creux ne recouvrant plus aucune réalité. Un avertissement opportun en ces temps où notre vieille Europe dénuée de projet voit se dresser partout les démons nationalistes dont elle semble avoir oublié les ravages.
La phrase d’Ödön von Horvath mise en exergue sert de profession de foi à ce roman de double exil : « Je n’ai pas de pays natal et bien entendu je n’en souffre aucunement. Le concept de la patrie, falsifié par le nationalisme, m’est étranger… Mon pays, c’est l’esprit. »