Jack Kerouac – Tristessa
La peau sur les os, mais une peau de pêche et de café, et ça suffit pour faire une femme, une « Tristessa » – bien nommée, il faut le dire, entre cauchemar et veille – une Aztèque des faubourgs aux yeux athées, douloureuse comme le Mexique où se tapit, dans des ruelles sombres encombrées d’odeurs, l’autre côté du rêve américain, ce miroir sans tain.
Et ça suffit pour faire un livre qui « change la langue », rempli d’anamorphoses extravagantes, phrases inachevées, mots tordus, rapiécés, inventés, impossibles. Un roman mystique et déglingué comme les vrais chagrins d’amour. Désir ou délire, drogue ou Nirvana, amour ou fantasme, nuit blanche ou éternité…
Une seule certitude, le texte lui-même, dévergondé, abandonné, il tourne autour de ce corps d’Indienne, corps malade et merveilleux, tel un papillon autour d’une ampoule nue allumée dans le noir.