Jack Kerouac – Anges de la désolation
» Anges de la Désolation, je l’ai écrit à la lueur des bougies… C’est comme une cérémonie religieuse… » Ainsi Jack Kerouac décrit-il le recueillement qui a présidé à la rédaction de ce singulier épisode de la » légende de Duluoz « , marqué par un réveil et le commencement d’une vie nouvelle à travers une langue nouvelle. Au cours de l’année qui a précédé la parution du légendaire Sur la route. Kerouoac raconte comment son double biographique, vigie accrochée à la pente du pic de la Désolation, a retrouvé » le fil indestructible de la poésie impersonnelle « , en dépit des désirs de succès, des promesses de gloire, des atermoiements, des surveillances, de l’hostilité des critiques, de la solitude et de sa propre peur ( » … les jours, non les heures passaient et je n’avais pas les tripes pour un saut de ce genre… « ). Anges de la Désolation, » livre sacré » et sacrilège, est le récit de ce saut accompli, comme il se doit, in extremis. Que s’est-il passé entre-temps ? Des incendies de forêt, des méditations sur le bouddhisme, des conversations insensées à San Francisco, de l’herbe et des putains à Mexico, des femmes aimées et des amis jaloux à New York, de l’opium à Tanger, Paris, Londres, un retour » vers ma sombre France à moi « , un manuscrit en cours – ce roman même – perdu dans un bus puis retrouvé, une traversée du continent avec Mémère ( » Voici ma mère, ce paquet de chair qui n’a pas demandé à naître « ), quatre murs entre lesquels il faut, par compassion, tout écrire. Et » depuis ces murs, le rire envahira le monde… »