Henri Troyat – L’étage des bouffons
Une fable cocasse et cruelle à la Cour des Impératrices de Russie à la fin du XVIIIème siècle. La Tsarine Anna Ivanovna, nièce de Pierre le Grand, est couronnée impératrice en mars 1730. Superbe, énorme, gonflée de graisse, fardée en épaisseur, boudinée dans ses robes de satin, ce personnage rabelaisien allie les caprices d’une enfant à la cruauté sadique des tyrans. Sa distraction favorite : l’amusement que lui procurent les 18 nains bouffons qui peuplent un étage de la cour. Le boyard Pastoukhov est convaincu par sa nouvelle compagne, Eudoxie Tchoubaï, de proposer son fils Vassili, dit Vassia, comme nain et bouffon auprès de la tsarine : ce fils difforme qu’il a relégué à Balotovo comme un objet de honte ne pourrait-il devenir le trésor de la famille ? Et voilà Vassia propulsé, à 22 ans, dans les intrigues de la cour : la jalousie féroce de la tsarine, qui a surpris son amant Johann Buhren en train de lutiner la ravissante Nathalie Seniavskaïa, sa demoiselle d’honneur, et la disgrâce du nain Pouzyr, qui a perdu le talent de faire rire l’impératrice, vont précipiter le destin de Vassia. Instrument de toutes les vengeances, il devient à la fois le bouffon le plus prisé de la souveraine et l’époux par elle imposé à l’impudente Nathalie. Mais rien ne se produit comme prévu : tandis que la cour est secouée par les changements de régime, le couple contre-nature vit une étonnante histoire d’amour…