Gilles Archambault – Mes débuts dans l’éternité
« Il est probable que je mourrai avant la fin de l’année. On est en mai. J’écoule mes journées à ne rien faire. Comme si je suivais une règle définie. Au fond, je me laisse porter par le temps. La vie se détache de moi petit à petit. Je ne proteste plus, je suis même devenu une sorte de croyant. Je crois fermement aux instants de paix qui me restent. »
Voilà ce que nous confie un des personnages de ces brèves nouvelles. Si on compte, parmi ceux-ci, une femme dans la force de l’âge qui mesure son pouvoir de séduction auprès de ses collègues masculins ou un homme qui apprend à conduire à cinquante ans, ils ont pour la plupart dépassé ce qu’on considère habituellement comme le seuil de la vieillesse.
Ils évoquent la disparition d’un ami, la visite en rêve d’un père mort depuis longtemps. Ils se remémorent leurs amours défuntes, feuillettent assidument les pages nécrologiques des journaux, contemplent le piano qu’ils n’ouvriront plus, caressent le rêve d’une fin de vie peuplée de lectures aussi libres que jouissives. Ce qui les réunit, c’est l’art subtil de Gilles Archambault, tout en clair-obscur, son regard oblique qui sait faire ressortir, sans jamais forcer le trait, l’inattendue richesse de chacun des instants qu’ils traversent.