Gilles Archambault – À peine un petit air de jazz

L’art de la nouvelle est un grand art. Surtout quand il est le fait d’un auteur qui, ayant beaucoup écrit, maîtrise pleinement son métier, connaît parfaitement l’univers imaginaire qu’il n’a cessé d’explorer à travers tous les livres qu’il a écrits et a découvert depuis longtemps le style et la voix qu’il est le seul à posséder. Trois pages, voire une seule page parfois, lui suffisent pour donner naissance à des personnages, construire une intrigue, évoquer tout un monde et toute une existence à travers lesquels se fait toujours entendre le « petit air » qui, tout en n’étant qu’à lui, se marie à celui que chaque lecteur, sans qu’il l’ait su jusque-là, porte au fond de lui-même comme la musique secrète de sa propre vie.
Tel est bien le cas dans les trente-quatre nouvelles brèves que voici. Chacune raconte en quelques scènes, en un instant parfois, l’histoire à la fois pathétique et douce-amère d’un être à qui sa vie, ni héroïque ni médiocre, faite de ces choses toutes simples et fragiles que sont l’amour, le passage du temps, la joie et la souffrance, les rêves et les déceptions, a apporté ce qu’elle apporte toujours, au bout du compte : un mélange de bonheur et de désenchantement, le sentiment d’un échec et pourtant la conviction de ne pas avoir vécu en vain.
Plus que jamais, Gilles Archambault est ici l’écrivain de l’intimité la plus poignante et la plus dépouillée, c’est-à-dire de cette inguérissable nostalgie et de cet émerveillement auxquels nul n’échappe dès qu’il se tourne vers soi-même et prête l’oreille.

 

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