Gilbert Bordes – Le Roi en son moulin
Beaucoup d’hommes moururent à la guerre du début du vingtième siècle. D’autres revinrent blessés physiquement et moralement. Dans le petit village de Plumozelle, en Corrèze, très peu d’hommes revinrent intacts.
Jean Charias, dit le Rouge, à cause de ses cheveux roux, est l’un des rares à avoir survécu, et, qui plus est, est revenu indemne des combats. C’est un gaillard costaud, un solide paysan, à qui le travail ne fait pas peur.
Baptiste Simoneau, le maître du moulin de la Farge, voit en Jean une aubaine. En effet, ses deux fils sont morts à la guerre, sa seule descendance est sa fille, Pauline. Baptiste décide que Pauline épousera Jean. Ce dernier assurera la continuité du moulin, même s’il préfère travailler la terre plutôt que moudre le blé. Baptiste se fait fort d’en faire un meunier.
Pauline ne veut pas de ce mariage. Depuis la mort de son frère jumeau, elle s’est enfermée dans sa douleur, et semble refuser la vie. En outre, le Rouge ne lui a jamais plu.
Baptiste ne tient pas compte de ce que pense Pauline. Une fille doit obéir à son père, dit-il, aussitôt imité par sa femme, Camille. Le mariage se fait donc, et Baptiste enseigne à Jean comment devenir meunier.
Jean respecte Pauline, et voit en elle une espèce de princesse qu’il révère. Ils n’aurait jamais osé penser l’épouser. Seulement, maintenant qu’ils sont mariés, Pauline rejette cet homme dont elle ne veut pas, qu’on lui a imposé. Elle le voit le moins possible, et refuse de partager sa couche.
Elle laisse travailler les hommes au moulin, et sa mère à la maison. Elle passe ses journées à se promener…
Le jour où elle apprend à la famille qu’elle est enceinte, Jean, excédé et terrassé par le chagrin, s’en va.