Gabriel Nadeau-Dubois – Libres d’apprendre
Objet d’un large consensus parmi les protagonistes de la Révolution tranquille au Québec, la gratuité scolaire est aujourd’hui devenue une proposition politique marginale, voire utopique. Ridiculisée par plusieurs, considérée comme irréaliste dans le contexte budgétaire actuel, cette revendication a pourtant été portée par des dizaines de milliers de jeunes et de citoyen.ne.s au printemps 2012. Comment a pu s’opérer un tel glissement? Pourtant, sur le front de l’éducation, l’idée de la gratuité scolaire n’a peut-être jamais été aussi pertinente que maintenant.
C’est ce que cherchent à démontrer les auteur.e.s rassemblé.e.s dans cet ouvrage, chacun.e livrant son plaidoyer en faveur de la gratuité scolaire, selon sa génération, son champ de compétences et sa sensibilité. Si le réalisme économique d’une telle mesure y est exposé, cet essai veut surtout défendre, au-delà du simple argument comptable, « l’idée de la gratuité » d’un point de vue fondamental, comme un principe à défendre en soi.
Car instaurer la gratuité scolaire, c’est l’occasion de réfléchir à une autre manière d’aborder le savoir, qu’il soit envisagé comme don ou comme moyen de contrer la marchandisation grandissante des universités. Vecteur de vertus émancipatrices, garante d’une plus grande accessibilité aux études supérieures et d’un renforcement de l’égalité homme-femme, l’idée de gratuité scolaire permet aussi de défendre la culture québécoise et autochtone tout en renversant le processus de reproduction des élites inhérent à nos universités En décrivant le processus de privatisation des universités chez nos voisins du Sud, Noam Chomsky rappelle d’ailleurs en guise d’épilogue la nécessité de lutter pour une éducation libre et publique.
Ces vibrants plaidoyers pour la gratuité scolaire sont un antidote au discours ambiant d’austérité. Un pavé dans la mare pour choisir, comme société, de s’offrir une éducation émancipatrice et porteuse d’avenir.