Franck Maubert – L’eau qui passe

Certains jours de chaleur, à la vue des herbes brûlées sous le soleil, ou dans les arbres dépouillés du cœur de l’hiver, dans les eaux scellées, je sens monter en moi quelque chose de déchirant, un sentiment de solitude. Alors, il peut m’arriver de parler aux poissons privés de parole. Je ne quitterai donc pas cette enfance, cette grande maison de l’enfance. Comme autrefois, je pourrais danser sous le cerisier. Juste précipiter le temps. Attendre. Attendre comme j’attendais qu’Irmina rentre du Paraclet. Attendre comme j’attendrai longtemps un père qui n’est jamais venu. Attendre comme j’attendais la visite de ma mère.

 

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