Elisabeth Guimard – Les tenir en respect
Ce qui fut ravageur, ce n’est pas que mon père ne soit pas mon père, c’est d’en avoir deux, de garder ce secret qui n’en était un pour personne, de n’en jamais parler.
Après le décès de sa mère à l’âge avancée de 101 ans, la narratrice revient sur les lieux de son enfance et nous dévoile progressivement le pesant « secret » qui a marqué à jamais son existence. Il y avait son père et « l’Autre » ; la narratrice a appris à l’âge de quatre ans qu’elle était la fille de l’Autre, elle a vécu avec une mère qui partageait son temps entre les deux hommes ; tout le monde – les intéressés, le village… – était au fait de cette situation, une situation qui était admise et tolérée, mais à une seule condition : ne jamais en parler. Ainsi, le secret n’en était pas vraiment un, et seule la loi du silence, imposée par la mère, permettait de sauvegarder les apparences et de maintenir la cohésion du foyer.