Dominique Marny – Jean Cocteau ou le roman d’un funambule
Né poète, Jean Cocteau ne s’est interdit aucune discipline : ni la littérature, ni le dessin, ni le théâtre, encore moins le cinématographe. Face à un mal de vivre chronique, la création sera sa sauvegarde. Il n’a pas dix ans lorsque son père se suicide. Au sein d’une famille meurtrie où l’on favorise les non-dits, il lui faut trouver des moyens d’expression et d’évasion. Ce seront le rêve, la lecture, les spectacles et l’écriture. Alors que le XXe siècle débute, Jean Cocteau contracte le mal rouge et or : celui de la scène, des passions et des prises de risques. Cette contamination fera de lui l’un des artistes majeurs de son époque. Lorsqu’il est mort, j’avais quatorze ans et ne connaissais aucune de ses publications. Sensible à son originalité et à son élégance, je l’observais en silence pendant qu’il parlait avec son frère Paul, mon grand-père maternel. À quoi aurait ressemblé notre relation si j’avais eu le temps de devenir adulte avant qu’il ne nous quitte ? Le destin a décidé qu’elle s’instaurerait à travers les miroirs, entre les mondes visible et invisible, me dévoilant un être grave qui, par politesse, affichait une apparente légèreté, bien loin du «mondain» décrit par les magazines. Dominique Marny écrit et publie régulièrement des romans, des biographies et des livres d’art. Collaboratrice à la revue littéraire Plume, elle est vice-présidente du Comité Jean Cocteau et veille sur l’œuvre de son grand-oncle auquel elle a déjà consacré trois ouvrages.