Constance Trautsolt – Pour la peau de Shirley Page
» J’aimerais croire qu’il existe de telles histoires, aux bordures si nettes qu’elles puissent s’offrir en un seul geste, se raconter par elles-mêmes. Comme une image. Si l’on considère, bien sûr, que les images ne mentent pas. » Qui était Shirley Page ? Une jeune femme souriante, peau blanche, cheveux longs. Le premier mannequin employé par la firme Kodak dans les années cinquante pour servir de standard chromatique.
Après elle, d’autres » Shirley » , une lignée de modèles souriants défilant dans le secret des laboratoires du géant de la photographie. Le jour où la narratrice découvre que sa mère, une Française exilée dans sa jeunesse aux Etats-Unis, fut une de ces filles, elle n’a qu’une obsession : comprendre pourquoi cet épisode ne figure pas au récit familial. Au fil des tentatives pour briser le silence, ordonner la mémoire et déceler ce que la photo ne dit pas, toutes les mémoires se télescopent, celle des femmes de la famille, vivantes ou disparues, mais aussi celle de milliers d’autres femmes.