Antonin Varenne – CAT 215
Marc est mécanicien diéséliste, expert en moteurs. Avec sa compagne Stéphanie et leurs enfants, ils vivent chichement dans une maison sans isolation au cœur d’une région froide, de petits boulots au noir, avec les factures qui s’empilent. Lorsque Marc reçoit un appel téléphonique de son ancien patron Jules, c’est la promesse d’une amélioration provisoire. D’une expérience probablement excitante pour Marc, également. Jules a besoin de lui en Guyane, où le mécanicien a vécu quelques temps avec sa famille. Il est bien conscient que Jules n’est pas un type honnête : “Jules était un anthropologue des zones troubles, de la débrouille et de l’illégalité. L’argent le rendait fou, mais les moyens qu’il choisissait pour en gagner disaient plus son goût du jeu qu’un véritable appétit pour la réussite.”
Dans la forêt amazonienne de Guyane, le camp de Kanouri c’est l’espoir d’un nouvel Eldorado, le rêve paradisiaque des orpailleurs. Jules a entrepris de faire convoyer un Caterpillar 215, gros engin de travaux à pelle, jusqu’à ce camp. Un trajet sans la moindre route digne de ce nom, il faut tracer la piste à travers la jungle en avançant lentement. Ce qu’a fait l’ex-légionnaire Joseph, conducteur du Cat 215 qu’il ne ménage pas, avec une équipe de locaux.
Jusqu’au moment où le moteur de l’engin est tombé en panne. Depuis, Joseph campe auprès de la machine, armé, s’enivrant et vitupérant. Du Rwanda en 1994 au Tchad en 2002, il fut de tous les sales barouds. “C’est un Blanc guyanais, né ici, grandi avec une rafale de frangins tous plus barjots les uns que les autres, en pleine forêt.”
L’ancien légionnaire chtarbé est de la même génération que Marc, mais leurs parcours n’ont rien en commun. C’est déjà un périple agité que de rejoindre, en pirogue, à pieds et en quad, l’endroit où se trouve le Cat 215. Bien qu’un moteur neuf soit supposément sur le point d’être livré, Marc ne s’attend pas à un accueil chaleureux de la part de ce Joseph. Il accompagné d’un Brésilien nommé Alfonso, bien meilleur chasseur pour leur assurer le ravitaillement.
Est-il venu, comme tant d’autres, chercher fortune dans cette contrée plus qu’hostile ? Ou, ainsi que le prétend l’ancien légionnaire, Alfonso a-t-il un passé à cacher ? Plus vite sa mission sera terminée, mieux cela vaudra, Marc ne l’ignore pas. Surtout quand cet ivrogne braillard de Joseph glisse vers la paranoïa…