Alain Messier – Dictionnaire encyclopédique et historique des patriotes
Le Dictionnaire encyclopédique et historique des patriotes 1837-1838, c’est l’histoire exceptionnelle de plusieurs Bas-Canadiens dont Pierre Dupuis, qui déclare avoir été arrêté par des Dragons… Charles Marchand, qui, quinze ans après les rébellions, réclame une indemnité pour son fusil abandonné sur le champ de bataille… François Ranger, qui, interrogé sur ses manœuvres militaires de l’été 1837, déclare qu’il se préparait à la procession de la grande fête-Dieu… Louis Charette, qui, après avoir prêté serment d’allégeance à la reine, déclare que serment de bouche n’est pas serment de cœur… Louis Prégent, qui se déclare aussi innocent que l’enfant dans le ventre de sa mère… Joseph-Ovide Rousseau, docteur, se rend chez le forgeron Dugré et dit à sa femme que si son mari ne se déclare pas patriote, il l’égorgera… Étienne Régnier qui, arrêté dans la nuit du 4 novembre 1838, lors du deuxième soulèvement, se rendait chez sa mère pour qu’elle lui fasse une tuque… Eustache Lanthier de Saint-Jérôme, qui, réticent à suivre les patriotes, se rallie en disant: «puisque la majorité marche, je marcherai» et qui sera tué par un boulet lors de la bataille de Saint-Eustache… Clovis Patenaude, qui profite d’un instant d’inattention de la part d’un loyaliste parlant à une fille pour saisir son fusil et s’évader… Joseph Senné, qui «ne s’est aucunement immiscé»… Siméon Marchessault, témoin impuissant de l’incendie de sa maison provoqué par les troupes anglaises, qui se faufile et entre dans la maison en feu, s’empare de ses papiers importants, sort par l’arrière, ouvre les portes de l’étable pour faire sortir les animaux et s’enfuit aux États-Unis. C’est pour faire connaître les méconnus mais surtout les inconnus, ces patriotes oubliés issus de ce vaste mouvement populaire fondé sur des idéaux de liberté et d’expression, de réformes sociales et de liberté d’assemblée, qu’existe ce livre. Bâillonnés, réprimés, écrasés, les patriotes ne sont pas les perdants; ces images ne sont qu’illusions d’historiens hypnotisés par les défaites armées. La victoire des patriotes a été transmise à travers les idées de Louis-Joseph Papineau et les Quatre-vingt-douze Résolutions, qui triompheront dans la Révolution tranquille des années soixante. C’est cette thèse que défend l’auteur, pour qui le Québec contemporain est maintenant une culture de résistance, toujours en opposition à une culture de domination. L’idéologie de Durham est toujours présente, les Janissaires s’occupent de la perpétuer.. ce qui conduit parfois dangereusement l’identité québécoise à proximité d’une culture de soumission. L’auteur, empruntant la méthode de Lionel Groulx, pour qui un travail d’histoire ne doit pas se presser de voir le jour, mais plutôt savoir attendre le travail de la loupe et le travail de la lime, a conséquemment interrogé minutieusement et inlassablement, pendant plus de six ans, les fonds d’archives pour révéler les traces de plus de 5 000 patriotes.