Martin Suter – Un ami parfait

« Qu’est-ce qui est pire : se rappeler ou oublier ? » Il a suffi d’un choc sur la tête pour que Fabio Rossi, journaliste suisse à Dimanche matin, devienne étranger à lui-même, ses pensées, faits et gestes ayant déserté sa mémoire pour une période de cinquante jours. Cinquante longues et mystérieuses journées qu’il cherche désormais à reconstituer une fois sorti de l’hôpital. Mais Rossi n’est au bout ni de ses surprises ni de ses ennuis puisqu’il apprend, à peine revenu à la vie sociale, qu’il avait demandé, juste avant son accident, à démissionner de son poste de reporter et qu’il trompait sa compagne Norina avec une attachée de presse fraîchement rencontrée. Pas facile dans ces conditions d’endosser la peau d’un autre soi-même auquel on ne s’identifie plus ! S’il conserve en effet le souvenir de ce qu’il a vécu pendant trente-trois ans, Rossi est incapable de revenir sur une période déterminante d’un mois et demi dans son existence. L’accueil que lui réservent ses anciennes connaissances – dont collègue et ami de toujours, Lucas Jäger – ne le soutient d’ailleurs guère, l’explorateur de la mnemosis perdue découvrant bientôt que le « Fabio Rossi oublié » tenait du beau salaud et méprisait souvent les personnes qu’il rencontrait… Mais cela explique-t-il que les données concernant la dernière enquête qu’il menait aient été effacées de son ordinateur de bureau et de son assistant personnel ? Cela justifie-t-il que Norina se désintéresse maintenant de son sort pour vivre avec Lucas, lequel semble en fait avoir manœuvré afin de trahir son ami dans tous les domaines ?