Henri Troyat – La pierre, la feuille et les ciseaux
Peintre et décorateur, André est de ces hommes que leur fantaisie, leur nature presque féminine, leur générosité éthérée privent de toute défense. Il vit dans un petit appartement de la rue Saint-Honoré, cultivant l’amitié et les arts, recueillant les chats perdus et les garçons errants.
Soudain, au milieu de cette existence farfelue, surgit Aurelio, avec son féroce appétit de vivre et son ambition démesurée. Il ne tardera pas à régner sur les lieux, d’abord pour le secret plaisir d’André, puis pour son désarroi quand apparaît Sabine.
Maîtresse d’Aurelio, Sabine est, pour André, plus qu’une amie. Elle le charme, l’amuse, et le navre à la fois car elle représente toute la part de féminité qu’il est capable d’absorber. Une plus haute dose lui soulèverait le cœur. Il est jaloux d’elle dés qu’elle s’éloigne d’Aurélio et jaloux d’Aurélio dés que celui-ci s’éloigne d’elle.
Ainsi, entre ces trois êtres (Aurélio, André, Sabine) se déroule un jeu tantôt cocasse, tantôt tragique, apparenté à un autre jeu d’origine incertaine: la pierre, la feuille et les ciseaux. Tour à tour, chacun des personnages croit avoir barre sur le voisin. Les moindres gestes de l’un retentissent sur les deux autres. Et André perd doucement la notion de la réalité dans cet échange de mensonges, de chiquenaudes et de caresses.
