Gaston Bachelard – L’air et les songes
Tous les êtres qui aiment la grande rêverie simplifiée, simplifiante, devant un ciel qui n’est rien autre chose que » le monde de transparence « , comprendront la vanité des » apparitions « . Pour eux, la » transparence » sera la plus réelle des apparences. Elle leur donnera une leçon intime de lucidité. Si le monde est aussi volonté, le ciel bleu est volonté de lucidité. Le » miroir sans tain » qu’est un ciel bleu éveille un narcissisme spécial, le narcissisme de la pureté, de la vacuité sentimentale, de la volonté libre. Dans le ciel bleu et vide, le rêveur trouve le schème des » sentiments bleus » de la » clarté intuitive « , du bonheur d’être clair dans ses sentiments, ses actes et ses pensées. Le narcisse aérien se mire dans le ciel bleu.