Alain Gordon-Gentil – Où vont les ombres quand la nuit vient
Chez nous, à l’île Maurice, en 1941, il y avait des détenus allemands et juifs. Les deux prisons étaient à 500 mètres l’une de l’autre. Et moi, Charles Féline, j’étais le surintendant des deux établissements.
Est-ce parce que le vieux Werner Gabrielsky de Bratislava et le jeune et beau lieutenant Hans Dhennel de la Kriegsmarine, amis du quotidien, me sont devenus chers que je suis à ce point troublé ?
Avec eux, je traverse une guerre qui se déroule à 10 000 km de nous et qui ne me regarde pas. Mais qui est devenue réalité depuis que bourreaux et victimes, charriant douleurs et mystères, sont venus s’installer sur notre terre. Construire des ponts sur des rivières asséchées sert-il à quelque chose… Je ne le sais toujours pas.